En regardant cette photo « les mains du saxophoniste », je me revois durant mes jeunes années dans l’apprentissage musical. Faire des gammes encore et encore, à travailler ma dextérité. A me sentir parfois comme un virtuose. Et puis échouer sur une nouvelle partition.
Tous les mardi soir, papa me conduisait aux répétitions de l’harmonie du village. Et il restait la, à écouter pendant 3 heures. Et puis un jour il s’est dit : « à être là, je vais apprendre la musique et jouer un instrument ! ». Il a acheté un saxo d’occasion et il commencé à déchiffrer. Sa créativité et sa curiosité ont fait qu’il a rapidement acquis les bases pour pouvoir se faire plaisir et reproduire des airs connus. Pour pouvoir être dans l’orchestre, il en fallait un peu plus.
Et j’ai eu la joie, le privilège, l’honneur d’apprendre à mon papa à jouer du saxo. Je me sentais proche, je sentais son souffle, je posai mes petites mains sur ses doigts rugueux, sur ses mains tannées par le soleil et usées par le travail de la terre. A ce moment là j’étais émerveillé de lui donner ça, je me sentais fier et j’imaginai qu’il était fier de moi.
Aujourd’hui, je réalise que ce n’était pas moi qui était l’apprenant. C’est vraiment lui, ce papa magique et étincelant qui m’a appris à apprendre, à donner. Il m’a appris la joie et l’enthousiasme à donner. J’imagine alors qu’il a réalisé qu’il avait fini son job de papa et qu’il pouvait se reposer, penser à lui. Il m’a montré le chemin du partage et du don de soi.
Maintenant chaque fois que mes filles m’apprennent quelque chose, je suis fier d’elles, et je sens mon cœur s’emballer comme autrefois. J’aime leur demander conseils, astuces et coup de main. Je me sens apaisé et heureux. Je sais alors qu’au plus profond de moi, elles peuvent savourer cet instant.
Le relai est passé … et futur !
Photo langage proposé lors du stage les Générations en Dialogue.
📷 Marcou : « les mains du saxophoniste »