– A la découverte de moi comme parent –
Régulièrement en me levant tôt, je prépare ma journée assis au bureau. A son levé, Michèle m’y rejoint et me couvre de mille bisous. Ma réaction corporelle première est de vouter mon corps et soulever mes épaules. Et puis un jour elle n’est pas venu me voir, et cela m’a manqué : j’ai pu le lui dire quelques temps plus tard. En me voyant réagir ainsi, elle m’a alors partagé que selon elle, ce n’était pas agréable pour moi.
Nous avons pu co-créer de nouvelles traditions familiales.
Surpris de sa réponse, j’initie un dialogue avec elle pour visiter ce paradoxe. Petit à petit je me connecte à mes sensations et à ma mémoire corporelle. Et je me rappelle alors qu’enfant, pour sentir et ressentir des câlins, je me blottissais tout contre le dos de ma maman, alors qu’elle était assise à table. Et je crois me souvenir que j’ai fais cela jusqu’à 6-7 ans. Je me câlinais dans le dos de maman. Je n’ai pas de souvenir de me sentir entouré par ses bras, tout contre elle. Et pas plus de papa.
Une fois adulte, qu’est devenu mon style parental ? En tant que papa, j’ai pu bizouiller, caresser, câliner mes filles bébés. Plus tard, j’ai eu du mal à continuer ce rituel, à étreindre et embrasser mes filles. Pour moi cette spontanéité s’est étiolée. Et pourtant comme j’aime cela ! Ce que j’ai compris d’elles bien plus tard, c’est que venir dans mes bras les gênait. Elles m’ont alors permis de me connecter à mes valeurs, à mes ressentis, à ce qui est bon pour moi. Et que désormais, on se serre fort sans raison ni attente.
Grâce à des échanges riches et profonds lors du stage les Générations en Dialogue, nous avons pu co-créer de nouvelles traditions familiales avec chacune de mes filles . Et ça c’est magnifique !
L’enfant va forcément nous faire réagir en franchissant la ligne rouge.
Comment la vie fait elle pour s’insinuer dans la quiétude d’une relation, quand tout va bien ? Que se passe t’il tout d’un coup ? La situation peut évoluer spontanément en colère et en sur-réaction. C’est toute notre histoire du passé qui s’invite au présent : un mot, une odeur, un regard vient réveiller un schéma réactif de notre enfance. Et bien souvent il s’agit d’un besoin non satisfait par les personnes qui se sont occupées de nous : le besoin d’être aimé, d’être valorisé, de liberté, de justice, de confiance…
Nous nous sommes modelés non seulement par des mots, des comportements de nos parents, mais aussi par des injonctions et des valeurs familiales. « il faut finir son assiette sinon … », « avant d’aller s’amuser, il faut terminer son travail », « les garçons ne pleurent pas »…
Et quand nous devenons parents à notre tour, notre enfant va probablement nous faire réagir en franchissant la ligne rouge de nos directives éducatives. Et nous aurons tendances à l’enfermer avec des messages négatifs (ne grandis pas, n’aie pas d’attache, ne te fie à personne) ou contraignants ( sois fort, dépêche toi).
Le parentage Imago a comme vocation de briser la chaîne de cet héritage.
L’invitation proposée au parent inconscient est de regarder son enfant intérieur, ce petit enfant qui crie en nous ( son besoin inassouvi) plutôt que répondre du tac au tac. Et de célébrer d’une certaine façon le conflit, la frustration du moment pour prendre sa part de responsabilité dans l’événement déclencheur. Et aller au delà de sa réaction qui bien souvent masque un ressenti de peur.
La modélisation que nous avons vécu avec nos parents va nous guider dans nos comportements d’adultes, dans les interactions avec nos enfants. Le parentage Imago a comme vocation de briser la chaîne de cet héritage. Ce sac à dos que nous portons influence la façon dont nous nous comportons avec nos enfants, et colore la façon d’être parent. Avec ce bagage, le parent est régulièrement amené à se comporter avec l’idée qu’il a la vérité, la seule. Et ainsi, l’enfant reçoit le message qu’il ne peut se faire confiance à lui même. Alors qu’il a besoin d’affirmer son Soi, explorer et oser. Dépendant du parent, il va sous-développer des parties de lui, jusqu’à les dénier, afin de préserver un tant soi peu l’espace de sécurité dont il a besoin. Le parent va devoir décider entre « avoir raison ou décider d’aimer ».
L’enfant nous met au défi, et nous invite à grandir.
Le défi parental est le chemin depuis notre posture parentale ( influencée par notre propre histoire), vers notre enfant, en passant par ses comportements qui viennent agiter et bousculer nos valeurs, nos choix, notre vision. Ainsi on se rend compte que cette roue émotionnelle s’initie depuis l’enfant qui nous met au défi, et qui nous invite à grandir.
La famille qui dialogue régulièrement permet qu’il y ait un espace, pour que les décisions soient rediscutées dans le but de satisfaire les besoins de la famille. C’est important de « visiter » l’expérience de l’autre. Nous pouvons avoir besoin de faire un effort (un stretching) pour faire de l’espace pour d’autres perceptions, plutôt que de définir une seule réalité.
Le chemin de croissance du parent sera de qualifier son bagage : ce qui altère sa parentalité consciente et ce qui la magnifie. Ce que l’on sait désormais, c’est que la perception par notre cerveau d’une menace est un phénomène physico chimique. En ayant une meilleure connaissance de la programmation de notre cerveau, cela nous donne un nouvel éclairage sur notre réactivité avec nos enfants : c’est une opportunité de croissance !
Proposition d’introspection seul, ou de dialogue avec son conjoint ( avant de démarrer, prendre soin de soi, respirer profondément plusieurs fois. Un conseil : prendre un cahier pour y noter vos pensées, vos remarques.
- Ce que j’éprouve quant je suis réactif avec mon enfant c’est…
- Ce que ça me rappelle de mon expérience…
- Et ce qui me fait peur c’est…
- Ce dont j’aurai alors besoin c’est ….
- Ma contribution au changement serait…