– Mon plan de croissance –
Fiancé, nous nous soutenions avec joie et enthousiasme dans nos parcours professionnels. Michèle me faisait réciter mes leçons pour mon diplôme d’oenologue. Elle attendait de moi du « par coeur ». De mon côté, je l’interrogeais sur les structures grammaticales du français. Nous collaborions, nous faisions équipe avec bonheur. Dans mon histoire, j’ai eu peu d’appuis de mes parents pour apprendre mes leçons, je me débrouillais tout seul. Et toutes mes vacances scolaires étaient passées au champs, pour des tâches manuelles agricoles : tailler puis épamprer la vigne, cueillette des melons, des pommes, des cassis…
Dans ma vision du couple, il était évident pour moi d’avoir 3 ou 4 enfants. Sans trop savoir pourquoi. C’était comme cela que je m’imaginais être un bon mari. Mais être un bon papa, ça je ne savais pas comment faire !
Mes parents ont su à leur manière me transmettre la soif de la réussite scolaire.
Dès lors j’ai quasi exigé que Michèle soit institutrice. Car une maitresse sait s’occuper des enfants ( donc des nôtres), et elle est disponible pour les vacances ( donc pour les nôtres). Par chance, elle voulait être enseignante ( on ne se rencontre pas par hasard !). Et me voilà donc inscrit au concours d’entrée à l’Ecole Normale à ses côtés. Pour la soutenir, l’aider dans son projet, mais aussi pour satisfaire mon besoin d’accompagnement et de disponibilité vis à vis des nos enfants. Pour l’épreuve de sport, elle devait faire des tours de stade en un temps donné. Et me voilà courir en dehors du stade, en même temps qu’elle pour l’encourager !
En relisant notre passé, je constate que mon élan était à la fois tournée vers elle, mais aussi pour satisfaire ce qui était touché en moi : mes parents ne sont jamais venu à une remise de diplôme scolaire. En regardant cela, je me dis avec force, qu’ils m’ont fait confiance, qu’ils ont su à leur manière me transmettre la soif de la réussite scolaire. De mémoire, je les entends dire que papa savait à peine écrire ( il avait d’ailleurs une sacré belle écriture, appliquée, penchée), et que maman avait fait le parcours obligatoire scolaire pour ensuite être disponible pour la ferme. Au final, Michèle a pu exercer le métier qui l’inspirait, et moi je me suis sentie rassuré car mes filles seraient entourées.
Il n’y a pas de bon ou mauvais états du Moi.
Régulièrement, les parents nous disent qu’ils ne peuvent pas être toujours dans la bienveillance, dans l’accueil, dans l’ouverture face aux situations du quotidien. L’univers joue son rôle de créateur de vie : il nous envoie régulièrement des situations pour lesquelles nous ne sommes pas toujours préparés. Et il s’agit pour l’adulte parent de gérer ses émotions, et de transmettre à son enfant ce qui se passe pour lui, de co-réguler ensemble la réactivité. Il n’y a pas de bon ou mauvais états du Moi ( l’ensemble de pensée et de sentiments caractérisés par des comportements qui correspondent aux trois états : l’Enfant, le Parent, l’Adulte). Tous ont une fonction différente essentielle et complémentaire. C’est en cela que l’enfant va modéliser et construire sa propre perception des situations pour son futur.
Ainsi les manifestations de ses états du Moi vont :
- protéger et transmettre les valeurs
- donner la permission et l’encouragement
- explorer l’environnement
- s’opposer de façon légitime
- s’adapter à l’environnement
- exprimer ses besoins et ses émotions de base
Ce parent conscient pourra même faire un pas de côté pour se demander comment son enfant à pu faire ceci ou cela. Il pourra aussi reconnaitre de son enfant des réactions très instructives de ce qu’il vit et donc de ce que le parent induit, par des mots ou par l’exemple. Les interprétations des ressentis de l’enfant peuvent être une mine d’informations. Ce dont l’enfant à besoin dans l’instant pourra être satisfait par l’apprentissage d’une parentalité consciente. Ce parent là pourra se détacher de ses propres besoins de sécurité, de tranquillité ou d’économie. Quand l’enfant désire quelque chose, il pourra percevoir de façon juste s’il doit le réaliser.
En étant « souple comme un roseau », l’enfant gagne en adaptabilité.
Dès lors que l’utilisation excessive de l’une de ses postures par le parent se déclenche , sa fonction est sclérosée. Et l’enfant aura du mal à discerner pour adapter son comportement.
En variant les postures parentales , en étant « souple comme un roseau » face aux situations de la vie, l’enfant va gagner en adaptabilité, en souplesse et va se donner de l’autonomie, de la confiance. Par exemple quand l’adulte joue avec son enfant, il présente de la curiosité, et adapte sa posture à celle de son enfant. A l’inverse il peut donner le sentiment d’offrir au jeune une relation d’adulte à adulte, par exemple en l’invitant à venir dans son lieu de travail.
En cela, l’enfant va se construire et développer la façon dont il se sent aimé. Selon Gary Chapman, chacun de nous dispose d’un réservoir émotionnel et d’amour. Rempli, il permet de préserver son énergie pour dépasser des moments de disette affective. Pour se faire, il y a plusieurs moyens de le remplir. Pour chacun de nous, un ou deux langages sont prioritaires.
Les langages de l’amour sont :
- les paroles bienveillantes : elles agissent comme un baume au coeur. Ce sont des compliments, des marques de reconnaissances. Nous pouvons valoriser à son enfant des comportements mêmes anodins. En développant les talents d’empathie, l’enfant va pouvoir se sentir aimer.
- les manifestations physiques : la tendresse, des gestes doux, des bisous. On connait aujourd’hui l’incidence quasi thérapeutique de ces marques corporelles d’affections. Le regard est aussi un moyen de toucher l’autre.
- les services rendus : vis à vis de son enfant, ils sont fréquents et simples au quotidien, tel que prendre soin de façon pratique ( l’habillement, les repas, les fournitures scolaires ) et aussi de se rendre disponible pour des demandes de coup de main.
- les moments de qualité : moment privilégié passé avec son enfant : lire un livre, jouer ensemble, avoir une activité commune. L’essentiel est le partage de moment émotionnel.
- les cadeaux : c’est le moyen de rendre concret le fait que le parent pense à son enfant. La valeur émotionnelle vient renforcer l’amour dans l’entre deux.
En observant son enfant, le parent va pouvoir petit à petit déterminer le langage prioritaire de son enfant, et ainsi remplir son réservoir plus rapidement et efficacement. Il pourra aussi lui faire deux propositions, chacune dans un langage différent et lui faire choisir.
« Ce qui se passe c’est ce qui doit se passer »
Afin de s’aligner vers son propre futur, l’invitation est de créer une image de plus en plus claire d’un futur déjà proche, et ainsi se donner un cap pour soi même en lien avec sa parentalité. Avec cette vision, vous pourrez alors traverser les moments difficiles, conscientiser que « ce qui se passe c’est ce qui doit se passer », que les réussites ou les échecs sont des opportunités de croissance. Tout en développant de l’empathie pour soi même, développons la sagesse et la confiance que vous portez à votre enfant. En visualisant votre projet parental, vous observerez le changement de votre parentalité consciente.
Une façon concrète pour naviguer vers ce cap, serait d’écrire sa vision parentale, comme un contrat : vous pourrez alors s’y référer. L’écrire avec des phrases courtes, de façon affirmative ( zéro négativité), au temps présent car elle arrive maintenant. Elle servira notamment dans des moments de doute. Et grâce aux dialogues Imago, le parent pourra se connecter aux membres de la famille, ou avec un amis afin de les partager.
Proposition d’un dialogue avec son conjoint, et son ou ses enfants. Une nouvelle façon si originale et si efficace de se connecter, va être d’inonder la personne concernée avec des affirmations positives. En plaçant au centre un des membres de la famille, on tourne autour en lui déclarant des affirmations de qualités ( physiques, comportementales, relationnelles, globales) : « J’aime chez toi … », « Je te trouve… », « j’aime tes qualités de… »…